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Zola, L’Assommoir (p. 9 à 11 de l’oeuvre - éd. Livre de Poche n°97) Chapitre 1, première page du roman : « Quand Gervaise s’éveilla, vers cinq heures [...] pleine déjà du grondement matinal de Paris ». L’oeuvre raconte la vie de Gervaise Macquart, depuis son arrivée à Paris, à l’âge de 22 ans et jusqu’à sa mort, 19 ans plus tard. Il s’agit de la première page du roman. Gervaise, l’héroïne, se retrouve seule au petit matin dans une chambre d’hôtel à Paris. Lantier, son compagnon, n’est pas rentré de la nuit et s’apprête à la quitter, elle et leurs deux enfants, Claude et Etienne. I. un portrait et des descriptions qui évoquent la misèrela solitude : elle ouvre et clôt le roman La solitude ou le portrait d’une femme seule et terriblement angoissée :
Les éléments de la description de la chambre d’hôtel :
L’image du linge sale va dans le même sens (ligne 15 : un vieux chapeau d’homme tout au fond, enfoui sous des chemises et des chaussettes sales) ; le châle troué (ligne 17) n’est pas là par hasard ; tout concourre à l’idée de pauvreté.
Le thème de la boue revient fréquemment dans le roman, ici c’est un pantalon qui est mangé par la boue (ligne 18) , L’idée de saleté partout présente comme on le verra également dans d’autres extraits. Au début du roman, Gervaise va lutter de toutes ses forces pour se débarrasser de la crasse aussi bien physique que morale : elle prendra soin de faire le ménage et ses lessives avec une énergie sans pareille, mais ses tentatives seront vaines et elle échouera, elle ne fera que s’enliser dans de misérables conditions de vie. Les personnages du roman seront vaincus et victimes malgré leur volonté farouche de s’en sortir. Nous sommes en présence d’un tableau des terribles conditions de vie imposées au monde ouvrier dans la société parisienne du 19ème siècle. La seule touche de couleur dans cette chambre sinistre c’est le rose tendre (ligne 20 : il y avait un paquet de reconnaissances du mont-de-piété, d’un rose tendre), mais il s’agit du rose tendre des tickets du mont-de-piété, c’est-à-dire de l’endroit où les gens dans le besoin vont déposer leurs objets de valeur - on dit aussi mettre au clou : on confie ses biens momentanément contre une somme d’argent. La seule image de vie, c’est celle des deux enfants, Claude et Etienne, qui dorment tranquillement et qui sont loin de réaliser ce qui arrive (ligne 25) : Etienne sourit, mais cette image attendrissante est vite effacée dans l’esprit du lecteur par celle de la mère qui sanglote (ligne 29 : le regard noyé [...] elle eut une nouvelle crise de sanglots). La description de l’hôtel :
II. La technique narrative :Nous avons le point de vue de l’héroïne, ici nous sommes dans le chapitre premier, c’est-à-dire dans un chapitre d’exposition et nous voyons par le regard de Gervaise qui est nouvelle venue dans le quartier ; elle regarde de sa fenêtre donc d’un endroit où elle peut avoir une vue imprenable sur le quartier . Son regard ? C’est un regard inquiet et d’autant plus qu’elle cherche son compagnon Lantier qui n’est pas rentré de la nuit (ligne 44 : elle regardait à droite ; ligne 49 : elle regardait à gauche ; ligne 52 : elle suivait le mur de l’octroi ) - donc rien n’échappe à ce regard et c’est lui qui fournit tous les indices au lecteur. Les informations passent par Gervaise et ceci est aussi vrai pour la suite du roman, tout passe par sa sensibilité, sa sensibilité aux bruits (ligne 53 : elle entendait parfois des cris d’assassinés) ; sa sensibilité aux odeurs (ligne 48 : une odeur fauve de bêtes massacrées). On ne peut finalement connaître que ce qu’elle voit, entend et comprend : elle regardait (ligne 44), elle entendait (ligne 53), elle fouillait (ligne 54) etc., donc le roman gagne en vraisemblance, en d’autres termes le but de Zola est de nous faire croire à ce que nous lisons - son but est de faire adhérer le lecteur à ce qui lui est raconté, c’est ce que certains critiques littéraires appellent « l’illusion réaliste », amener le lecteur à avoir l’impression que ce qu’il lit est bien réel. C’est aussi la technique de l’écriture naturaliste, avec un sens aigu de l’observation et un foisonnement de détails. Le point de vue du personnage (focalisation interne)
III. La notion d’espace dans cet extrait ?
Cet extrait est un bon exemple de l’écriture naturaliste puisque nous partons finalement du réel, de la réalité la plus banale au symbole. En effet, quoi de plus réels que des abattoirs et un hôpital et pourtant ces termes ont une portée symbolique parce qu’ils évoquent quelque chose d’autre = déchiffrer les signes et aller toujours au-delà de ce qui nous est dit : l’abattoir et l’hôpital sont ici les symboles de mort, ils représentent le destin de Gervaise donc ils laissent prévoir, le sort tragique que va connaître notre héroïne qui va mourir dans la misère la plus extrême. |
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